Le13 septembre 1915, il écrit à ma grand-mère : « Ma petite femme chérie, Tu sais je voudrai bien finir la guerre ou je suis, ça ne me ferait rien de faire l’exercice tous les jours, quand on n’entend pas plus que ça les marmites (NDLR : obus, bombes) ça me ferait plaisir et aussi quand on peut dormir toutes les nuits tranquillement. J’ai reçu une lettre de Drancy avec
Cet article date de plus de trois ans. Publié le 07/11/2018 1621 Mis à jour le 07/11/2018 1750 Durée de la vidéo 3 min. Article rédigé par Estelle Colin, en plateau, raconte le destin de Fernand, un soldat de la Grande Guerre revenu vivant, mais marqué à jamais par ce qu'il a vécu. Revenir du front complètement traumatisé. C'est une histoire de poilu qui est revenue à de nombreuses reprises dans les réponses à notre appel à témoignages sur les conséquences de la Grande Guerre. C'est plus particulièrement celle de Fernand, éprouvé par ce qu'il a vu pendant le conflit. D'Amiens à Belfort, il a participé à tous les combats. Au printemps 1914, Fernand a 30 ans et part à la guerre au lieu de se marier avec sa fiancée, Marthe. Il consigne sa vie sur un petit agenda. "Des mots dénués d'émotion, ça tient plus du compte-rendu que du récit", explique la journaliste Estelle Colin. En 1984, à 100 ans, il raconte en vidéo "Il y avait des bombardements de la part des Français et de la part des Allemands. C'était du feu, du feu partout. Finalement, je n'y ai rien compris". Il s'est bien marié avec Marthe, à son retour du front, comme prévu. "Mais son épouse n'a jamais retrouvé l'homme qu'elle avait connu avant-guerre", précise la journaliste. "Fernand ne manifestait plus ses sentiments, il était bien incapable de dire tout simplement je t'aime. Ses nuits étaient compliquées, des cris étouffés, des larmes qui coulaient ou des chants patriotiques entonnés en plein sommeil". Fernand était le grand-père de Martine Laroche-Joubert, journaliste et grand reporter de guerre à France 2 qui a couvert de nombreux conflits armés depuis 40 ans. "Lorsque j'entends des tirs et des bombardements, dit-elle, cela me semble familier, c'était mon destin, c'était le destin de mon grand-père".
SÉRIE(5/7). Dès le début de la guerre de 1914-1918, Marie Curie veut se rendre utile. Elle consacre toute son énergie à équiper les hôpitau
Né le 26 août 1890, Fernand LHEUREUX est le fils d’un commerçant de Namps-au-Mont, petit village de la Somme situé au Sud d’Amiens, dans le canton de Conty. Théophile, le grand-père paternel qu’il n’a jamais connu, était charcutier. Octave, le frère de Théophile, qui a épousé sa veuve, était chiffonnier. Le père de Fernand est épicier, ses oncles sont cordonniers ou marchands ambulants. La bosse du commerce est dans la famille LHEUREUX. Fernand est le fils d’Aristide LHEUREUX et de Louise DEBEAUVAIS. Fernand se souvient à peine du village de Namps-au-Mont. La vie des adultes et le commerce l’entraînent aux quatre coins du département de la Somme, de Revelles à Roisel, d’Amiens à Rosières. L’esprit d’initiative et l’autonomie sont des qualités évidentes dans la famille. Les enfants volent rapidement de leurs propres ailes. C’est finalement à Mers-les-Bains que Fernand LHEUREUX décide d’atterrir et de construire son avenir. La station balnéaire de la Côte Picarde est une commune en expansion où on peut facilement trouver du travail, autant pendant la saison estivale que pendant le reste de l’année. Fernand est manouvrier. Le choix de s’installer à Mers n’est pas purement professionnel. Fernand a rencontré l’amour. Fernand LHEUREUX épouse Marthe BEAURAIN le 27 avril 1910. Ils n’ont pas encore atteint l’âge de 20 ans mais il y a urgence. Un petit Fernand ne va pas tarder à pointer le bout de son nez. Fernand et Marthe résident Route Nationale, appelée également Avenue de Froideville. Etre père ne dispense pas d’effectuer son service militaire. Fernand est jugé apte au service armé et affecté au 146e Régiment d’Infanterie qu’il rejoint le 10 octobre 1911. Le 146e RI est caserné à Toul, près de Nancy. Un deuxième enfant est venu au monde depuis l’incorporation de Fernand. C’est une fille prénommée Suzanne. Le 16 janvier 1912, par décision ministérielle, Fernand est muté à Abbeville, au 128e RI. Les permissions seront plus longues. Il ne faut guère plus d’une heure pour relier la gare d’Abbeville à celle du Tréport-Mers. A la caserne Courbet, les jeunes du Vimeu sont nombreux. Fernand retrouve Henri VERDIER, un copain mersois qui habite dans le quartier du dépôt de chemin de fer, à quelques dizaines de mètres de chez lui. Les deux copains vont vivre ensemble pendant plusieurs mois puisque la durée du service militaire est fixée à deux années. En octobre 1912, deux nouveaux Mersois sont affectés au 128e RI d’Abbeville. Il s’agit de Marcel LEROY et Edgard DEMOUCHY. Pendant plus d’une année, les quatre jeunes hommes partagent de nombreux moments de camaraderie. Le 8 novembre 1913, Fernand LHEUREUX et Henri VERDIER sont libérés de leurs obligations militaires. Ils peuvent rejoindre leur foyer. Edgard DEMOUCHY poursuit son service au 128e alors que Marcel LEROY rejoint la Section de Marche d’infirmiers du Maroc occidental. Le 1er août 1914, Fernand et Henri font partie des premiers hommes mobilisables. Venant de terminer leur service militaire, ils sont jugés opérationnels immédiatement et rejoignent ceux qui sont encore sous les drapeaux. Ils prennent le train le 2 août en gare du Tréport-Mers pour rejoindre le 128e RI. Ils y retrouvent leur copain Edgard DEMOUCHY. Le 5 août, le régiment quitte la Somme pour gagner l’Est de la France, avec pour destination la gare de Dun-sur-Meuse près de Verdun. Les hommes du 128e RI connaissent l’épreuve du feu près de Virton et de Meix-devant-Virton en Belgique le 22 août. Plusieurs copains y perdent la vie. Mais le nombre de victimes est minime en comparaison de celui que le 128e connaît à Fontenois dans les Ardennes quelques jours plus tard. Le 31 août au matin, deux des trois bataillons du régiment sont désignés pour lancer une offensive vers Saint-Pierremont où la présence de troupes allemandes a été signalée la veille. Les fantassins français s’élancent du hameau de Fontenois vers la colline surplombant le village de Saint-Pierremont pour y lancer une attaque et repousser les Allemands. Mais l’artillerie allemande est bien en place. Cinq batteries se mettent en action. En quelques minutes, il n’est plus possible de voir la lumière du soleil. Les tirs d’obus sont particulièrement meurtriers. Les Français n’ont aucune possibilité de se protéger. Morts et blessés graves se comptent par dizaines en quelques minutes seulement. Fernand LHEUREUX et Henri VERDIER sont morts. Fernand venait d’avoir 24 ans et Henri en avait 23. Edgard DEMOUCHY fait partie des rescapés. Des miraculés de Fontenois. Au moins 130 morts et 300 blessés en quelques heures dans ce petit hameau de Fontenois. Mais la guerre est loin d’être finie pour les rescapés comme Edgard. Quelques jours plus tard, il est gravement blessé à la cuisse par éclat d’obus à Maurupt-le-Montois dans la Marne. Il est hospitalisé à Tarbes. Edgard repart ensuite au front et est à nouveau évacué. Il a les pieds gelés. Soigné à Troyes, il combat ensuite en Argonne et près de Verdun. Il est blessé aux Eparges et évacué sur l’hôpital de Montbéliard. Après une longue mise à l’écart, il retrouve le front. Edgard DEMOUCHY est tué le 8 novembre 1916 au Fort de Vaux, près de Verdun. Marcel LEROY, le 4e copain mersois du service militaire, a été mobilisé comme brancardier. Gravement blessé à la jambe en octobre 1916, il n’est jamais revenu au front. Il a été affecté comme ouvrier à la Compagnie des Mines de houille de Marles. Marcel LEROY est mort le 25 mars 1981 à Mers, à l’âge de 89 ans. Le 5 avril 1915, Marthe BEAURAIN, veuve de Fernand LHEUREUX a donné naissance à un petit garçon. Elle l’a prénommé Roger. Quand le bébé a vu le jour, son père était déjà mort depuis sept mois. Marthe avait 24 ans. Elle a élevé seule ses trois enfants, remplissant les missions de mère et de père, tout en menant une vie professionnelle. Elle tenait un café-restaurant dans la Route Nationale à Mers. Cet estaminet faisait également fonction de pension de famille. Un de ses pensionnaires, employé des chemins de fer, se nommait Elisée BARRIOT. Marthe attendit que les enfants soient grands pour se remarier. Elle épousa Elisée en mai 1943, en pleine occupation allemande. Marthe et Elisée étaient très actifs dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils furent arrêtés à plusieurs reprises. Rescapés de la Seconde Guerre mondiale, ils vécurent ensemble jusqu’à la fin de leur vie. Marthe est morte à Mers en 1968 et Elisée en 1978. Le couple est classé Déportés et Internés de la Résistance ». Mais l’histoire de Fernand LHEUREUX et de son épouse ne prend pas fin avec les actes de bravoure de Marthe. Leur dernier enfant, Roger, conçu quelques semaines avant la déclaration de guerre, fut aussi un Résistant très actif pendant la guerre. Dès 1940, il s’engage dans la Résistance et devient membre des Francs-Tireurs et Partisans. Il participe à de nombreuses opérations de résistance dans la Somme et en Seine-Inférieure. Le 17 février 1944, il est emprisonné à la Prison d’Amiens dans le quartier des condamnés à mort. Roger LHEUREUX perdra la vie dans le bombardement de la prison d’Amiens par les Alliés, dans le cadre de l’Opération Jéricho. Roger LHEUREUX Son chef, Maurice HOLLLEVILLE, surnommé le Curé de Montparnasse également interné à Amiens arrive à sortir des décombres et à s’échapper. Il emmènera dans sa fuite Marthe LHEUREUX qui était, comme son fils, retenue à la Prison d’Amiens. Aujourd’hui, une rue de Mers-les-Bains porte le nom de Roger LHEUREUX. Nul doute que, sur cette plaque de rue, peuvent être associés à celui de Roger, les prénoms de ses parents, Fernand et Marthe. Fernand, mort pour la France en août 1914 à 24 ans et Marthe, militante de la vie et de la paix, jeune veuve et mère courage qui a vécu l’enfer des camps et qui a perdu un fils. Qui mieux qu’elle peut symboliser l’horreur des deux plus grandes guerres du XXe siècle ? Les corps de Fernand LHEUREUX et de son fils Roger n’ont jamais été retrouvés. Lionel JOLY et Xavier BECQUET Sur le monument aux morts de Mers-les-Bains, la date du décès de Fernand LHEUREUX et d’Henri VERDIER a été fixée au 1er septembre 1914 – les documents consultés ne nous permettent pas de savoir s’ils sont morts pendant les combats du 31 août ou s’ils sont morts sur place, des suites de leurs blessures, le 1er septembre De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme. Xavier BECQUET et Jean-Claude MAISON ont réalisé la collecte de données pour la commune de Mers-les-Bains. Plaque commémorative dans l’église Saint-Martin de Mers-les-Bains Retrouvez les parcours d’autres jeunes hommes ayant vécu à MERS-LES-BAINS ou à proximité François BECQUET de MERS-LES-BAINS Alfred PADE d’AULT Maurice MAUPIN d’ALLENAY Auguste VUE de BEAUCHAMPS Joseph PELVILAIN d’INCHEVILLE et de DARGNIES Et tous les autres articles UN JOUR, UN PARCOURS » publiés sur notre site
Depuisune vingtaine d années, le Festival Académique des Rencontres de Chant Choral, organisé dans les quatre départements, contribue au développement et au rayonnement des chorales scolaires. C est ainsi que plus de 5000 collégiens se rassemblent cette année autour d une création pour l académie de Rennes Le P tit Fernand et la Grande Guerre de Julien
Fernand Burniaux parti de la région de Namur pour défendre son pays, il laissera les siens et notamment une petite fille qu'il ne connaitra qu'après-guerre - Collecte RTBF/collection Privée A. Minet © La terrible histoire d'un homme ordinaire. Si le récit de vie de Fernand Burniaux devait porter un titre de roman, il est probable que ce soit celui-là tant son histoire évoque jusqu'à la guerre un parcours de vie plutôt tranquille, on oserait presque écrire " banal ". Mais la guerre vient tout chambouler et surtout elle laisse des traces, des impacts durables sur les populations sans histoire et en particulier sur la vie de Fernand que nous a transmise son beau-petit-fils, André. Quand la guerre éclate, Fernand a 26 ans. Milicien de 1908, bien installé dans la commune de Surice avec son épouse Rosa, rien ne le prépare à faire la guerre. Il est bien loin de penser qu’il sera rappelé lors de la mobilisation générale fin juillet 14 et surtout que ce rappel se transformera en quatre longues années loin de chez lui, lui qu’une perspective de court éloignement fait déjà frémir. L'épouse de Fernand avait à coeur de lui envoyer des portraits de... Une lettre envoyée par la toute jeune Fernande, sur idée et dictée... L'écriture touchante de Fernande,petite fille qui apprend à peine... Fernand n'a eu de cesse de penser à son épouse et à sa fille Fernand a mis par écrit ses pensées sur la guerre. Cent ans plus... En 1918, Fernande était déjà une belle petite fille. Fernand ne... Fernand Survivre à la guerre pour rencontrer sa fille ! Courrier... Fernand Survivre à la guerre pour rencontrer sa fille ! L'Arbre généalogique simplifié de la famille Burniaux Des adieux déchirants C'est donc le coeur gros que les adieux se font à la gare de Romedenne, à coté de Surice. Fernand prend congé de son épouse Rosa - qui attend leur premier enfant - le 1er août 1914. “Quitter sa chère femme après une période de trois années passées dans un vrai bonheur et envisager la guerre, c'est dur! Enfin, je m'arrache de ses bras, et étouffant avec peine mes larmes, sans même pouvoir lui dire adieu je pars”. Quelques jours plus tard, il est à Bruxelles quand l’annonce de la guerre se fait officielle. Cette nouvelle est accueillie aux cris de “Vive le Roi! A Mort les Boches!” mais Fernand, lui, voit s’envoler l’espoir d’une absence temporaire de son foyer et il pense à Rosa qui devra poursuivre sa grossesse seule dans un pays en guerre “Finis les rêves de retour! Je revois en mon esprit bouleversé ma bonne Rosa et toute ma famille que j'ai à peine eu le temps de revoir avant mon départ à l'annonce de cette cruelle nouvelle”. C'est donc le coeur gros que les adieux se font à la gare de Romedenne, à côté de Surice. Fernand prend congé de son épouse Rosa - qui attend leur premier enfant - le 1er août 1914. Un dur apprentissage Fernand est versé dans une compagnie de brigadiers cyclistes. Cela lui donne l’opportunité de bouger, mais également d’être un fin observateur du paysage et des hommes qui l’entourent. Ainsi, il décrit son environnement et les gens qu’il rencontre de façon très précise ce qui fait de son journal un témoignage extrêmement intéressant. Bien que conscient de l’importance de son devoir, Fernand n’est pas un va-t’-en-guerre. Il est même assez critique vis-à -vis des autorités militaires et des politiques mais aussi des Allemands. Le 11 août 14, il écrit "Je maudis de toute mon âme la guerre et surtout ceux qui nous l'ont imposée". Il n’a pas encore fait l’expérience du feu. Celle-ci viendra quelques jours plus tard, le 15 août 14, il écrit “C'est terrible! Pour la première vision de bataille, je crois que jamais je ne l'oublierai”. Mais il a également une motivation alimentée par les informations qui lui sont parvenues concernant son village, incendié au début des hostilités. Ces scènes de bataille, Fernand aura malheureusement à les revivre à plusieurs reprises mais il sera également témoin des atrocités visant les civils comme ce 25 août 14 où il décrit "L'entrée du village d'Hofstade, un spectacle écoeurant se présente à mes yeux je vois sur la route une femme âgée d'au moins septante ans traversée de part en part par la baïonnette d'un de ces damnés. La pauvre vieille tient encore à la main une aiguille et un bas qu'elle était occupée à réparer". Fernand est nommé caporal et cité à l’ordre du jour pour s’être distingué à la bataille de Molen. Ces scènes d’horreur et de combat sont entrecoupées par une grande nouvelle pour Fernand il est papa! Mais un papa qui, à cause de la guerre, n’a pas le droit de voir son enfant ni de féliciter son épouse. La joie l’inonde mais également la souffrance d’être loin de son épouse en cet instant important et de ne pas pouvoir faire connaissance avec sa fille, prénommée Fernande en son honneur. Bien que conscient de l’importance de son devoir, Fernand n’est pas un va-t’-en-guerre. Il est même assez critique vis-à -vis des autorités militaires et des politiques mais aussi des Allemands. Le 11 août 14, il écrit "Je maudis de toute mon âme la guerre et surtout ceux qui nous l'ont imposée". Les copains comme soutien Pour tenir le coup et trouver la force de retrouver les siens, Fernand peut compter sur la camaraderie de ses compagnons d’armes et spécialement de ceux qui sont, comme lui, de la région de Surice. Il évoque souvent dans ses récits ses amis avec lesquels il partage un moment de pause ou de marche. Les conditions de campagne auxquelles est confronté Fernand sont difficiles. Les conditions matérielles, le manque de confort des endroits dans lesquels il cantonne bien sûr mais pas uniquement Rosa lui manque terriblement. Le 1er décembre 17 alors que le froid sévit dehors et qu'il est confronté à une déprimante solitude, il se confie "Ma pensée va souvent, là -bas, près de ma chère femme. Où est-il donc le bon temps, où les soirées d'hiver se passaient à jouer aux cartes au coin d'un bon feu, ou faire de la musique avec les amis? Et puis une angoissante pensée m'étreint a-t-elle le chauffage nécessaire ma pauvre Rosa?“...”Ah! Vivement la fin de ce terrible cauchemar!!! Plutôt mourir de travail que cette vie de langueur et de fainéant. Les jours me semblent des mois et les mois des années". Le 29 décembre de la même année,aprés plusieurs jours de marche qu'il supporte difficilement "si c'est cela un repos, qu'on nous envoie au front!", son moral n'est pas arrangé "Nous avons pour notre fin d'année un jour sans pain et sans viande”. Le lendemain cependant, un de ses amis lui demande d'être témoin de son union prochaine ce qui a pour conséquence de mettre un brin de soleil dans cet univers qui lui semble si morne. Au fil des pages, on sent Fernand de plus en plus amer et découragé mais l’offensive finale va se charger de lui trouver une nouvelle source d’espoir et de concentration. Un guerre sans fin L'année 1918 s'ouvre pour Fernand sur sur une interrogation déchirante, en proie à la déprime de passer les fêtes censées célébrer la nouvelle année, loin de chez lui “Qui aurait jamais osé croire que nous serions encore en guerre à cette date, lorsque nous sommes partis? Voici la quatrième fois que ce jour nous remplit actuellement d'amers souvenirs et jadis si beau jour de fête familiale. C'est la quatrième fois que nous le passons loin de ceux qui sont si chers et privé de la moindre nouvelle les concernant, c'est amèrement triste!!!" Fernand est évidemment loin de savoir que ce sera la dernière année de cette "Grande Guerre". Cette année sera pourtant également marquée par des petites joies le 15 janvier, il demande une dérogation de congé pour assister au mariage de son neveu, Lucien. Quelques jours plus tard, il arrive à Paris où Lucien le rejoint. Ensemble, ils se rendent dans le village où Lucien a été réfugié de guerre au début du conflit et où il doit épouser sa fiancée. Il passe quelques jours en leur compagnie entre visites dans le pays et cérémonies et rentre le 5 février 1918 au front "avec un formidable cafard". Il faut dire que pendant tout ce temps, il est sans nouvelle de Rosa et de Fernande ce qui l'affecte profondément. Le 6 mars 1918, il est témoin de violents bombardements. Des membres de sa compagnie sont touchés et Fernand en sera profondément choqué. Paradoxalement, cette journée terrible sera également le jour où Fernand recevra une carte de sa Rosa "après trois ans sans nouvelles directes" et l'objet d'un grand bonheur, joint à un immense soulagement pour Fernand. La mort et l'amour, ensemble sur le front. Le lendemain, alors que l'on compte les pertes, les prises de positions et de prisonniers, il reçoit une photo de Rosa et de la petite Fernande. Mais la guerre continue comme si elle ne devait jamais cesser. De fait, Fernand pense que la paix n'est pas pour bientôt et il note le 15 mars "Je ne m'étonnerais pas si nous sommes encore ici l'année prochaine à pareille date "… Il est conscient de la difficulté que représenterait le fait de se battre sans les alliés anglais et américains. Il est également le témoin d'une scène qui illustre bien les sentiments envers les Allemands qui pouvaient prévaloir sur le front. Le 15 mai 1918, il écrit “Dans le courant de l'après-midi, deux de nos ballons sont incendiés par l'ennemi. Un peu plus tard, un troisième ballon est manqué et l'aviateur boche est atteint par les "scrapnells" de nos artilleurs. Il est obligé d'atterrir et vient s'abîmer dans le toit d'une maison où il reste perché comme un pigeon à l'entrée de son colombier. Belges, Français et Anglais s'élancent pour cueillir l'aviateur qui, immobilisé dans sa nacelle, attend avec une angoisse visible le sort qui décidera de sa personne. Belges et Français poussés par la haine pour tout ce qui est boche veulent lui "arranger son affaire" mais en sont empêchés par les officiers anglais qui parviennent non sans peine à embarquer l'aviateur dans une auto et l'évacuer sur l'arrière". Il évoque également la situation en pays occupé pour lequel il a la plus grande inquiétude. Il parle de "révolte de la faim" à Bruxelles mais sans beaucoup plus de détails car la censure guette. Au printemps de la même année, les troupes autour de Fernand sont également touchées par des fièvres et évacuées vers les hôpitaux. S'agit-il de la grippe espagnole? Nul ne sait! Le 31 mai 18, il écrit sa lassitude "Rester constamment sous la gueule des canons et attendre si le prochain obus sera ou non pour vous. Ce n'est pas gai! Et voilà 5 jours que cela dure!Je préférerais de beaucoup être en première ligne ..." Fernand développe aussi du ressentiment face à certaines injustices dont il est le témoin sur le front. L'armée a besoin de tous les bras disponibles et certains soldats blessés sont renvoyés plutôt hâtivement au front "Il me semble que c'est là une triste manière de récompenser les braves qui donnent leur sang et surtout très peu encourageant pour ceux qui sont tenté de regarder un peu en arrière, même pour ceux qui se dévouent”. Au fil des pages, on sent Fernand de plus en plus amer et découragé mais l’offensive finale va se charger de lui trouver une nouvelle source d’espoir et de concentration. Son écriture se fait plus rare. On le devine en train de se battre, n’ayant plus de temps ou d’endroit pour poser ses pensées sur le papier. Sans doute, pense-t-il toujours autant à sa famille mais ses souvenirs, Fernand les emportera avec lui au plein coeur des batailles… L'Armistice un nouvel espoir Enfin, vient le temps de la paix. Fernand, qui ne savait plus si il devait y croire pour de bon ou non, est témoin de l’incroyable élan de joie qui emporte les hommes “Alors tout le monde donne libre cours à sa joie qui retenue depuis longtemps par le doute éclate; enfin, on s'embrasse, on se serre les mains, on chante, on crie. Ah! Quel beau jour! Malgré la pluie qui ne cesse de tomber. Quel bonheur de pouvoir enfin revoir ses chers parents et son cher patelin sauvé aussi d'une inévitable destruction”. Immédiatement après, ses pensées sont pour Rosa "Oh! Ma chère femme, si tu savais si tu pouvais me voir bien vivant et n'attendant plus maintenant que le beau jour de te serrer dans mes bras, que tu serais heureuse! Mais malheureusement l'incertitude te fait cruellement souffrir!... Et cependant, il m'est impossible de te prévenir, de te crier, patience, dans peu de temps, tu reverras ton cher Fernand, qui maintenant n'attend plus que la délivrance”. Le soir, Fernand fête la fin de la guerre avec une petite sortie à Eekloo. Il sera décoré et mis à l'honneur pour sa participation entière et dévouée à la Grande Guerre notamment de l’ordre de la médaille de l’Yser. Une lettre déchirante Cela fait maintenant trois ans que Fernande est née. Son père n’a toujours pas pu faire connaissance avec elle. Au cours de l’année 1918, Fernand a reçu une lettre émouvante de sa fille, une lettre encore empreinte de l'écriture malhabile de l'enfance et qui lui rappelle le temps qui est passé depuis sa naissance "Mon petit papa, maman est triste parce que nous ne recevons pas de lettre de toi. Moi je veux t'écrire pour te montrer ce que je sais faire. Moman sic dit que je suis maladroite et toi papa que penses tu ? Je voudrais bien que tu serais de maman et de marraine. Ta petite fille qui t'aime beaucoup. Fernande Burniaux". Fernand rencontrera enfin sa fille,pour la première fois, le 27 décembre 1918 à la suite d’un trajet en train qui le fera revenir en Belgique enfin libérée. Il retrouvera également non sans émotion son épouse, Rosa et ensemble ils auront une deuxième fille après la guerre. Rattrapant le temps perdu, il profitera de sa famille, triste pour les camarades qu’il laissa derrière lui mais heureux d’avoir pu être un maillon dans la chaîne de la paix. Une vie heureuse après-guerre Fernande deviendra religieuse, sa soeur, se mariera et aura des enfants et des petits-enfants. Fernand sera décoré et mis à l'honneur pour sa participation entière à la Grande Guerre. La famille restera unie et Fernand quittera ce monde entouré des siens à Surice en 1960. Pour ce qui est des relations familiales, le journal de Fernand Burniaux est un témoin émouvant de ce qu'a pu être la vie des hommes loin de leurs épouses et leurs sentiments par rapport à leur vie de famille. On ressent en effet chez Fernand une profonde émotion quand il évoque sa femme et de sa petite fille et ce même si la vie quotidienne des couples étaient en ce début de XXe siècle empreint d'un certain traditionalisme. Son témoignage est donc un trésor à conserver précieusement et dont Monsieur Minet, dont l'épouse est la petit-fille de Fernand que nous remercions ici, peut être fier.
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Lepetit Fernand Arsène Paul Etat civil Né le 2 mai 1893, Rouen, Décès le 23 octobre 1917, Vaudesson, Aisne Cause du décès Tué à l'ennemi Inhumé Nécropole Nationale Le Bois Roger, Ambleny, Aisne, carré J, n°311 109e Régiment d'Infanterie Grade Soldat de 2e Classe Rouen Document officiel Citations Notice biographique Télécharger la fiche complète Lepetit Fernand Arsène Paul PrécédentPrécédentLe Picard Marie Georges Maurice SuivantLeplat Joseph AugustinSuivant
FernandGentin, imprimeur, est un homme politique français (membre du Parti radical) né le 27 septembre 1876 à Reims (), et décédé le 24 avril 1946 à Paris.. Biographie Première Guerre mondiale. En août 1914 Fernand Gentin est mobilisé avec le grade de sergent dans le 47 ème Régiment d’infanterie territorial. Blessé le 9 novembre 1914 puis hospitalisé pendant sept mois,
1Lors de la déclaration de guerre, Hans Rodewald avait 23 ans ; commis dans un commerce, il était fiancé à la fille de son employeur. Antoine Bieisse, à peine plus jeune, avait fait des études à peu près de même niveau ; célibataire, il accomplissait son service militaire à faible distance du domicile de ses parents. Plus âgé 29 ans, Fernand Tailhades était marié et avait une petite fille ; travailleur manuel, il avait débuté comme ouvrier et était devenu contremaître. Un Allemand, deux Français ; des responsabilités familiales, des diplômes, des métiers différents. Mais trois combattants de l’infanterie, blessés, capturés, soignés par l’ennemi. 2Le 9 septembre 1914, quand la contre-offensive sur la Marne fait tomber Hans entre les mains des Français, Antoine se trouve déjà à l’hôpital d’Ingolstadt, car il a été pris le 25 août. Quant à Fernand, son régiment entreprend, depuis Belfort, une longue marche à travers les Vosges, du sud vers le nord, pour aller combattre du côté du Violu. 3Avant de donner le texte des carnets rédigés par les deux combattants français, simples soldats, il est nécessaire d’essayer de mieux connaître ces derniers, tous deux des Méridionaux, toujours soucieux de rencontrer quelqu’un “du pays”, de chanter quelque chanson “du pays”. ANTOINE BIEISSE 4Antoine Bieisse était le plus jeune des trois auteurs il avait huit ans de moins que Fernand Tailhades, deux ans de moins que Hans Rodewald. Son grand-père maternel, Baptiste Dimur, fut le dernier meunier du moulin du Pech, aujourd’hui appelé moulin de Cugarel, qui domine Castelnaudary Aude de sa tour de pierre et de ses ailes restaurées. Lors de la naissance d’Antoine Bieisse, le 27 septembre 1893, dans la rue des Moulins, son père était brigadier d’octroi. Il allait devenir percepteur de la bourgade de Saint-Papoul, située à seulement 7 à 8 kilomètres de Castelnaudary. Ajoutons encore que, dans sa jeunesse, Antoine écrivait son nom de famille sous la forme erronée “Biesse”, car l’orthographe correcte, “Bieisse”, s’était perdue. Il la retrouva par la suite, et nous ne pouvons que l’adopter aussi. 5Fils d’un petit fonctionnaire, Antoine dépassa le niveau de l’école primaire et suivit les enseignements du collège de Castelnaudary. Il pratiqua le rugby. On le voit sur une photo du Quinze Avenir Castelnaudarien, saison 1912-1913. Le recrutement militaire étant régional, il put faire le service à Castelnaudary même, au 143e régiment d’infanterie, où il fut appelé en 1913. 6Tandis que Fernand Tailhades, réserviste mobilisé en août 1914, allait rejoindre le régiment de réserve du 143e le 343e, Antoine Bieisse était déjà sous les drapeaux et appartenait à l’active. Le 143e débarqua en Lorraine le 9 août ; il fut rapidement engagé et subit de très lourdes pertes. L’écrivain Jean Mistier, lui-même originaire de la région, et futur secrétaire perpétuel de l’Académie française, a décrit, dans un récit autobiographique, l’attente angoissée à Castelnaudary 1 Jean Mistier, Le Bout du monde, Paris, Grasset, 1964. L’absence de nouvelles des soldats creusait l’inquiétude des familles, et, vers le trente août, une rumeur sourde, incontrôlable, se répandit dans la ville, affolant toutes les femmes “Le 143e a été anéanti près de Morhange, il ne reste que trois cents survivants !” D’autres disaient deux cents, d’autres soixante. [...] Peu après, on sut que le 143e, engagé dans la région des étangs de Lorraine, avait buté sur de solides fortifications de campagne, et perdu pas mal de monde avant de battre en retraite. [...] Bientôt arrivèrent des avis de décès, et on saluait, quand on les rencontrait couvertes de leurs voiles noirs, les premières veuves de guerre1. 7Antoine Bieisse figura parmi les premiers soldats du régiment mis hors de combat blessé grièvement le 20 août 1914, il resta cinq jours et cinq nuits sur le champ de bataille avant d’être ramassé par les brancardiers allemands et emmené en captivité. 8C’est à Ingolstadt, en Bavière, qu’il rédigea le carnet de route dont nous allons donner le texte. En fait, il avait pris des notes sur un premier carnet. Mais on le lui enleva on sait qu’un officier français s’empara de celui de Hans, pour le garder en souvenir. Au moment de rédiger, décrire de manière détaillée les préparatifs du départ, à Castelnaudary, fut une occasion de les revivre, de se retrouver chez lui. Par contre, les journées du 10 au 19 août, en Lorraine, n’avaient rien d’intéressant. À partir du 20, se produisirent des événements tragiques et inoubliables, qui constituent le cœur du récit. Comme pour Fernand Tailhades, c’est lorsque commence son aventure personnelle dans l’immense drame collectif que tous les détails sont retenus et que le récit dégage une intense émotion. 2 Voir ci-dessus à propos de l’orthographe du nom. 9Le carnet conservé, de petit format 10 x 16 cm, à couverture noire, a vraisemblablement été acheté à Ingolstadt. La première page porte le titre “Souvenir de la campagne 1914-1915”, le nom de l’auteur “Biesse2 Antoine” et la mention “Blessé le 20 août 1914. Prisonnier le 25. Ingolstadt. Bavière” ; elle est ornée de quatre drapeaux des Alliés, France, Belgique, Russie, Royaume Uni. Il comprend un récit continu sur 27 pages de juillet à octobre 1914, puis deux pages et demie datées “Pâques 1915” et une demi-page sans date précise. L’écriture, en grande partie à l’encre, avec les dernières pages au crayon, témoigne d’une bonne orthographe. Les rares fautes ont été corrigées ici. 10Une lettre de septembre 1915 d’Antoine à ses parents sera également reproduite. D’abord parce qu’elle contient des renseignements sur les conditions de la vie de prisonnier après sa guérison, période très peu abordée dans le carnet personnel. Ensuite parce qu’elle permet une intéressante réflexion sur trois niveaux de témoignage d’Antoine Bieisse. Le premier niveau serait constitué par les lettres “officielles” à ses parents, c’est-à -dire passées par la censure du camp. Nous n’en disposons pas, mais on comprend que, si elles renseignaient sur la blessure et la capture, elles ne pouvaient signaler de mauvais traitements de la part des Allemands. Dans le carnet personnel, Antoine a pu entrer dans le détail de ses malheurs, des souffrances endurées en attendant les secours, mais, par crainte d’une fouille, sans relever l’hostilité rencontrée à son arrivée à Ingolstadt. Enfin, une lettre à ses parents, confiée à un camarade devant rentrer en France à l’occasion d’un échange de blessés, permet de ne rien cacher des cris de haine et des mauvais traitements, sans faire disparaître toutefois les bons soins reçus des brancardiers sur le champ de bataille et du bon docteur à l’hôpital. On aurait tort, cependant, de ne retenir pour valable que ce dernier document, car il semble avoir été écrit au moment d’une grande déception. Antoine Bieisse pensait bénéficier de l’échange de prisonniers de septembre 1915 ; il dut rester à Ingolstadt, sans savoir pour combien de temps. Sa lettre se ressent de cette cruelle déception, et elle a tendance à tout noircir et à exagérer ses malheurs. Les quelques passages en charabia franco-occitan témoignent d’une émotion à son comble. 3 Les renseignements concernant la vie d’Antoine Bieisse nous ont été communiqués par son fils Pierr ... 11Le rapatriement d’Antoine eut lieu le 8 décembre 1915, via la Suisse et Bellegarde, dans un convoi de grands blessés, inaptes à revenir au combat. Toute sa vie, il souffrit de sa blessure à la jambe gauche qui l’obligeait à marcher avec une canne, à porter une chaussure orthopédique et à aller régulièrement en cure à Lamalou. Il avait été nommé en 1917 commis des contributions directes à Angoulême, puis à Albi où il se maria en 1919. Il mourut le 1er avril 1947 à Cadalen, chef-lieu de canton du Tarn, où il était percepteur3. FERNAND TAILHADES 4 Dans la suite des opérations du délainage mazamétain, le sabrage précède le pelage. Les sabreurs p ... 12Fernand Tailhades naquit à Mazamet, le 7 mai 1885. Il quitta l’école primaire à l’âge de 12 ou 13 ans pour aller travailler dans une usine de délainage. En cette fin du XIXe siècle, la petite ville du département du Tarn, centre ancien d’industrie textile, s’était réorientée vers une activité nouvelle, le délainage des peaux de moutons importées de divers pays, principalement d’Amérique du Sud. Comme beaucoup de jeunes Mazamétains de famille ouvrière, Fernand débuta comme “marragos”, c’est-à -dire homme, ou plutôt enfant à tout faire transporter les balles de peaux ; ramasser la laine après le pelage ; la monter, ainsi que les cuirs, aux séchoirs... Dix heures par jour, six jours par semaine. Dans l’humidité permanente et les odeurs nauséabondes. En grandissant, il obtint une place mieux rémunérée, mais tout aussi pénible, d’abord au “pelage”, puis au “sabrage”4. 5 Simple coïncidence de nom. 13Il effectua son service militaire d’octobre 1906 à octobre 1908, puis une période d’exercices de trois semaines en été 1912 au 143e régiment d’infanterie, basé à Carcassonne et à Castelnaudary. C’est dans son livret militaire qu’on apprend qu’il mesurait 1,62 mètre, qu’il était “nageur ordinaire” et “assez bon tireur”. Il épousa Marie-Rose Cazals5 en 1909. Sa fille Marie-Jeanne naquit l’année suivante. Ses qualités de travailleur reconnues, il devint contremaître à l’usine du Peigne d’Or, dans la gorge de l’Arnette à Mazamet. Cette petite usine appartenait à M. Jacques Balfet. Elle comptait dix-huit ouvriers d’après les statistiques, et diverses photos d’ouvriers de l’usine représentent des groupes de quinze à vingt personnes, parmi lesquelles on peut identifier Fernand Tailhades. Celui-ci aimait son travail et était respecté par patron et ouvriers. Sans avoir fait d’études, il savait tenir les livres de paie et, par des calculs dont la méthode lui était personnelle, il savait estimer à la vue le rendement en laine d’une balle de peaux brutes. Le patron se reposait sur lui pour la bonne marche de l’usine. 14La mobilisation de 1914 le rappela à Carcassonne, au 343e Régiment d’infanterie, régiment de réserve du 143e. Il partit vers la frontière et participa aux combats en Alsace, puis dans les Vosges. Il fut blessé et capturé par les Allemands, le 17 juillet 1915, avant même d’avoir pu bénéficier d’une première permission. Sa femme fut vraisemblablement mise au courant par une carte de la Mission catholique suisse Fribourg en faveur de la recherche des prisonniers de guerre Madame, La Mission, présidée par Sa Grandeur Mgr Bovet, évêque de Lausanne et Genève, a envoyé, sur l’initiative et sous le patronage de la Confédération suisse, un délégué prêtre catholique de langue française, visiter les camps de prisonniers et les hôpitaux. En passant à Weingarten, Lazaret II, notre délégué, M. le Professeur Dévaud, de l’Université de Fribourg, a eu l’occasion de voir, le 3 août, M. Tailhades Fernand. Il va bien, se guérit rapidement, est très bien soigné, a patience et courage. Vous adresse un affectueux bonjour et embrasse bien Marie-Jeanne. Agréez, Madame, nos hommages. 15Son patron, M. Balfet, fut avisé par une carte qu’il avait peut-être sollicitée du Comité international de la Croix-Rouge, envoyée après consultation des listes allemandes du 21 août, qui précisait “signalé avec blessure à l’œil et à la main droite”. 6 Publié pour la première fois en 1980, à très petit tirage, dans la collection “La Mémoire de 14-18 ... 16Fernand Tailhades n’était ni un écrivain, ni un intellectuel. Il n’écrivit jamais que les vingt-cinq pages de son cahier de souvenirs de guerre et de captivité, rédigées évidemment sans penser le moins du monde à une publication. Alors, pourquoi cet effort, inhabituel, d’écriture ? Il semble qu’il s’attacha à conserver le souvenir de quelque chose d’extraordinaire qui lui arrivait. Et il pensa que, seule, l’écriture le lui permettrait, acte tout aussi extraordinaire pour lui. Ce n’était pas prémédité au début, il ne prenait pas de notes. Il le dit lui-même, racontant les premiers jours “à ce moment-là , je ne pensais à garder comme souvenir que ce que j’aurais dans ma mémoire”. Ce qui paraît signifier qu’ensuite il prit des notes. La précision du récit confirme cette hypothèse. La comparaison des dates données par Fernand et de celles de l’Historique du 343e régiment d’infanterie publication officielle fait apparaître quelquefois un décalage d’un jour. Mais il s’agit bien du même cheminement, des mêmes positions et des mêmes événements. Puis, au camp de prisonniers, il rédigea son aventure sur un cahier ramené ensuite avec lui et conservé par la famille. Il le considérait comme quelque chose de précieux et, me disait Madame Tailhades lorsqu’elle me le confia “il serait heureux s’il voyait qu’on en a fait un livre.”6 7 Dumas Claudin, rue du Bois mot illisible, Thizy Rhône ; Lejeune Edouard, boulanger à Le Portel ... 17Le cahier original, de format 17 x 21 cm, comprend 24 pages et 10 lignes d’une écriture très serrée, à l’encre ou au crayon. Il n’a pas de titre. La rédaction s’arrête brusquement. Suivent 11 pages blanches, puis 27 pages sur lesquelles, pendant ou après la guerre, l’auteur a dû fixer des photos qui n’étaient plus en place lorsque le cahier nous a été remis. Peut-être y avait-il une quarantaine de photos ou cartes postales ; nous en avons retrouvé une dizaine. Les dernières pages comprenaient enfin une liste de colis reçus sans précisions en dehors de quelques mentions du mot “tabac” et de la provenance d’un colis M. Balfet ; quatre adresses et un nom sans adresse7 ; les paroles, rédigées au crayon, de deux chansons à l’eau de rose “Dans les deux” et “Ferme tes jolis yeux”. 8 La photocopie du cahier de Fernand Tailhades a été déposée aux Archives départementales du Tarn, à ... 18Le manuscrit de Fernand Tailhades comporte de nombreuses fautes d’orthographe ; la ponctuation est aléatoire ; il n’y a quasiment pas de découpage en paragraphes. Pourrait-on le transcrire à l’identique ? La réponse est négative. D’abord, parce que la seule reproduction identique réelle serait le fac-similé8. Ensuite, parce que nous devons respecter l’auteur et le lecteur. Si l’auteur était vivant, il demanderait lui-même que l’on corrige les fautes d’orthographe, et il accepterait une meilleure ponctuation et un découpage plus aéré. Mais nous insisterions pour qu’il ne modifie pas son style, ses tournures, même personnelles, même maladroites. Nous refuserions de réécrire le texte. C’est ainsi qu’il a été procédé avec le récit de Fernand Tailhades. Pour rendre le texte lisible, sans l’altérer, il a fallu revoir l’orthographe, restituer la ponctuation, créer des paragraphes. Tel qu’il est ici, il nous paraît plus agréable pour le lecteur, tout en conservant le rythme et l’originalité du style de l’auteur. 9 Construite par des verriers de Carmaux victimes d’un lock-out patronal. Inaugurée en octobre 1896 ... 10 Voir Avec les ouvriers de Mazamet, op. cit., Jean Jaurès, né à Castres, à 20 km de Mazame ... 19Que peut-on savoir encore de Fernand Tailhades ? D’après sa deuxième épouse, il était socialiste. Il nourrissait une vive admiration pour la Verrerie ouvrière d’Albi9. Et je trouve un Fernand Tailhades sur la liste des adhérents au groupe socialiste de Mazamet en 1909-1910. S’agitil de notre auteur ? Serait-ce un résultat de la conférence donnée par Jean Jaurès à Mazamet le 4 avril 1909, en pleine grève des ouvriers délaineurs ?10 Dans son texte, rien ne laisse supposer qu’il ait théorisé une inclination politique, produit de son expérience. Il ne s’est pas fait connaître comme ardent socialiste à Mazamet. Dans les premiers temps de la guerre, le soldat Tailhades n’évoque pas Jaurès ; il parle comme les journaux nationalistes. Il se félicite de voir “les premiers trophées de nos armes” ; il “salue cette chère terre d’Alsace” avec tout son régiment. Puis, il prend contact avec les réalités, et il décrit, sobrement, la canonnade et les corvées, les marches épuisantes sous la pluie, les cadavres blancs de gelée et l’émotion de l’attaque “là , je puis dire que le cœur me battait bien fort”. Enfin, la dernière partie du récit prend un tour intime parce que Fernand vit son aventure personnelle, solitaire, au milieu du drame collectif il est blessé, il craint d’être achevé, il est fait prisonnier. L’épisode fourmille de détails, et à tout moment apparaît l’étonnement du captif il est bien traité, soigné, réconforté par les Allemands. “Pendant le trajet, ils m’appelaient tout le temps Camarade.” Le seul personnage, outre l’auteur, qui ait une présence dans le récit, c’est l’Allemand qui Ta pris en charge et qui le conduit à Colmar. Les deux hommes s’arrêtent par-ci, par-là , pour se “rincer un peu la dalle”. Et puis, l’Allemand quitte le Français à l’hôpital et repart, après une poignée de mains “pour aller, peut-être, laisser sa vie à l’endroit où il m’avait sauvé la mienne”. 11 Madame Gabrielle Tailhades nous confia cahier et documents en 1980. Je tiens à associer à son souv ... 20Fernand Tailhades rentra en France le 14 décembre 1918. Il reprit son travail dans le délainage. Il perdit sa femme en 1938 et se remaria en 1945 avec Gabrielle Rabou11. Il mourut à Canjelieu, un hameau sur les hauteurs, au-dessus de Mazamet, le 30 avril 1957, à l’âge de 72 ans.
Lepetit Fernand et la Grande Guerre. A l’occasion des commémorations du centenaire de la fin de la 1re guerre mondiale, l’association Ar Kan Son a commandé un opéra pour enfant au compositeur Julien Joubert. Afin de sensibiliser les collégiens à cet événement, les créations ont eu lieu dans les 4 départements bretons en mai- juin 2018, prenant ainsi le biais de la "petite
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OlivierForcade, professeur d’histoire à l’université de la Sorbonne, a publié récemment chez Fayard un essai remarquable sur La Censure en France pendant la Grande Guerre. Il y précise d’emblée que, de 1914 à 1919, « à période exceptionnelle, attitude exceptionnelle : de droite ou de gauche, le patriotisme exigeait un soutien indéfectible au gouvernement.
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